Rengaine, quand l’amour rencontre la différence…

Dans le cadre de ma carte blanche pour la treizième édition du festival hip hop et des cultures urbaines de Saint-Denis, j’ai choisi le film Rengaine. C’est le premier long métrage de Rachid Djaidani, l’auteur de Boomkeur, roman publié en 1999 et qui a marqué de nombreux esprits. Rachid a écrit et publié par la suite Viscéral, Mon Nerf. L’auteur, pratiquant de boxe anglaise et orateur a travaillé pendant neuf ans sur ce premier film.

L’action se déroule à Paris. Un Paname sans maquillage. Un Paname sans ses monuments. Une immersion dans la capitale avec deux personnages : Dorcy et Sabrina. Ils s’aiment et veulent se marier mais Dorcy est noir. Sabrina, arabe. Il est chrétien. Elle, musulmane. Leurs différences dérangent leurs proches.

Sabrina a quarante frères. Slimane, l’aîné, “grand frère” et responsable de cette fratrie  apprend que sa sœur est avec un renoi. Il ne l’accepte pas et cherche ce « Dorcy ». Il informe ses frères cadets et les interroge. Il se renseigne auprès des proches de sa frangine et se procure une arme. On a peur pour Dorcy. Un personnage si attachant. Le jeune homme veut devenir comédien et nous fait rire. Il passe des castings et s’investit pour décrocher un rôle. On le voit en transe avec sa coupe de fou. On le voit en blanc. On le voit vivre son quotidien d’artiste et son amour avec sa moitié. Slimane trouvera-t-il Dorcy ? Quel sort attend le jeune homme ?

Le traitement de Rachid m’a éloigné de mon style, le roman noir. Le roman dur. Les éclaboussures de ciment, la pression, la violence.  Djaïdani a traité la différence sous trois angles. Celui de la peau. Celui de la religion. Celui de la sexualité. Au delà de ses volets, ce film est un film pour tous. On peut le voir en famille, rire, flipper et surtout cogiter. Rengaine se regarde comme un livre car il demande de l’attention, de la réflexion.

Le film soulève le mépris et l’intolérance de “l’autre”. Avec l’évolution et le développement des nouvelles technologies, la différence ne s’estompe pas. Au contraire, elle se renforce et nous pousse à rester entre nous. A passer des heures sur les réseaux sociaux, à téléphoner en illimité sans dialoguer avec « l’autre ». Sans découvrir ou accepter « l’autre ». La peur et la solitude sont de fausses jumelles et Rengaine nous les met sous les yeux, dans la tête. Ce film aborde un sujet qui limitent nos esprits. Bravo à Rachid et aux acteurs qui portent, avec leurs jeux d’acteur, la réussite de Rengaine.

Rengaine, de Rachid Djaïdani avec Slimane Dazi , Sabrina Hamida , Stephane Soo Mongo , Nina Morato , Hakim Ammar Boudjelal , en salles le 14 novembre 2012

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *